mardi 28 janvier 2014

mardi 7 janvier 2014

Extraits de « La Chine à Paris » de Richard Beraha

« Les chinois nous trouvent souvent trop bavards, trop curieux, comme si pour avancer le monde, nous avions sans cesse besoin de le décrire, de le conceptualiser, de le projeter pour le maîtriser, alors qu'eux semblent l'affronter avec patience et défi, opportunisme et jeu, fatalité et résilience, dans l'attente d'un signe qui annoncera un vent favorable qu'ils saisiront alors avec impétuosité. »
« Dans ces familles, souvent dispersées par la trajectoire, l'amour se manifeste par les actes et les dons, plus que par l'épanchement et les mots. Alors que l'on se dit rarement "je t'aime", que la sensibilité semble introvertie, que les conflits intrafamiliaux sont pourtant aussi fréquents qu'ailleurs, les liens apparaissent néanmoins forts, solides, serrés, dans les générations comme au sein des groupes amicaux constitués "là-bas" ou "ici". Car ce qui remet en question la notion de clan familial, biologique, "génétique" comme unique repère, c'est la capacité de ces chinois à élargir, à constituer un groupe qui, tout en conjuguant solidarité et chacun pour soi, s'incarne sous des formes hétérogènes : dans les associations, les guildes professionnelles, les relations de voisinage et aussi des amitiés nouvellement créées en France. Dans la tradition confucéenne, l'amitié est le seul lien non structural et non hiérarchisé; elle constitue donc un espace d'affectivité et d'intimité fondamentales. Un vrai ami Wenzhou se montre au-delà de tout dévoué et fidèle, ne refusera jamais une aide psychique ou matérielle, anticipera les services à vous rendre. »
« L'histoire chinoise n'a presque pas connu de personnages tels que Voltaire qui s'est exprimé haut et fort pour défendre Jean Calas, avec qui pourtant il n'entretenait aucune relation ou Zola qui s'est battu pour Dreyfus. En réalité, les chinois ne sont point nés d'un habitus politique, parce que l'histoire ne leur a pas donné cette habitude de participer aux affaires de l'Etat. »
« Donnons un exemple chiffre de la distribution dans le domaine de la confection. Un produit courant acheté 1 euro en Chine sera vendu ensuite par le grossiste en France environ 2,5 euros (comprenant les coûts d'exportation, de transport et les taxes). Le détaillant chinois, lui, le vendra entre 6 et 8 euros (en incluant d'autres taxes et ses frais généraux). Une chaîne de distribution internationale ou française de moyenne gamme, en achetant elle aussi directement à l'usine le même produit à 1 euro, le vendra entre 8 et 12 (soit avec une marge supérieure à celle conjuguée de l'usine, de l'importateur, du grossistes et du détaillant chinois). »